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C’est quoi la Caravane ?

La Caravane.

Avant tout, pour moi, c’est des personnes.

C’est des relations nourrissantes, de la confiance, des échanges intenses.  C’est du temps passé ensemble à s’écouter, à partager, à réfléchir, à créer, à développer nos êtres en prenant le meilleur de chacun.e, à expérimenter autour de nous et du monde qui nous entoure…

    Je considère la Caravane comme un COLLECTIF DE VIE, et c’est très important pour moi que l’on arrive à prendre soin les un.e.s des autres.  À nous soutenir mutuellement pour arriver à vivre notre quotidien de façon soutenable et enrichissante.

    Ça signifie pour moi essayer d’avancer ensemble, de prendre le temps – à travers parfois de réunions formelles mais surtout de petites discussions et petits gestes quotidiens – pour ne laisser personne derrière ; et en même temps, comme c’est inévitable que ça arrive de temps en temps, m’entrainer moi-même à prendre du recul par rapport au collectif, à lui faire assez confiance pour lui permettre parfois d’avancer sans moi.
    
    Le fait que je souhaite qu’on se supporte mutuellement ne veut pas dire par contre que j’aie envie de prendre entièrement sur mes épaules la responsabilité du bien-être de tou.te.s les autres ; il s’agit plutôt pour moi d’apprendre à écouter et à garder le délicat équilibre entre moi et les autres, pour comprendre par exemple quand c’est le bon moment pour dédier plus ou moins d’énergies à quelqu’un.e (ou au groupe) ou pour lui demander de l’aide.  Autrement dit, c’est  prendre le pouls de comment je vais au moment présent et adapter conséquemment mon niveau d’implication, tout en gérant l’enthousiasme et la frustration qui en découlent.

    Le collectif m’apprend beaucoup sur ma capacité d’implication ; avant, quand je vivais seul, il m’arrivait souvent de partager mon temps avec des groupes de personnes, soit de façon hebdomadaire pendant ma phase sédentaire, soit pendant des périodes de quelques jours/semaines pendant mes voyages.

    Dans les deux cas, de toutes façons, il y avait toujours un «_chez moi_» pour me reposer et régénérer mon énergie lorsque je me sentais déséquilibré dans le groupe_; je pouvais toujours mettre les problèmes de côté pour les résoudre après.      Dans la Caravane ça n’est pas possible, mon «_chez moi_» c’est avec les autres, et ça m’oblige forcément à garder la plupart de mes implications au sein du groupe même quand je suis en manque d’énergie.

    Ça comporte au niveau personnel des enjeux très différents qu’avant, qui me posent pas mal de questions autour, entre autres, de l’économie affective, de l’autonomie, de l’autogestion, des compromis…

    Bien sûr la Caravane c’est aussi beaucoup d’autres choses pour moi, comme par exemple l’expérimentation autour de l’autonomie matérielle, les actions concrètes adressées à la création d’un monde meilleur, les nombreux parcours personnels…  Je considère toutes ces choses très importantes et je leur consacre volontairement de l’enérgie presque tous les jours.  Ça me pose question quand elles viennent temporairement à manquer, mais la différence c’est que si ça ne dure pas trop longtemps j’arrive d’habitude à bien vivre avec ce manque.  Par contre j’observe que, quand j’ai l’impression que mon développement personnel à travers des relations vient à manquer, j’éprouve souvent des sentiments de solitude, de baisse d’estime de moi, d’indécision, et je tombe facilement dans des comportements tels que la competitivité et le jugement de moi-même et des autres.
    
    Pendant tout le texte j’ai volontairement gardé la première personne singulière pour m’exprimer, parce que je n’ai pas envie de mélanger mon ressenti avec celui des autres ou, encore pire, avec mes interprétations de leurs ressentis.  

    J’aimerais pourtant clore en disant que je suis assez sûr que d’autres personnes peuvent ressentir ces questions différemment de moi, qu’elles arrivent à mieux gérer par exemple le manque momentané de connexions interpersonnelles que le manque d’implication politique du groupe.  Ça fait partie du fait que l’on a des passés différents, des intérêts différents, et j’accepte ça de plus en plus pacifiquement.                          J’estime cependant qu’il y a aussi un nombre significatif de personnes qui partagent, totalement ou partiellement, les inquiétudes que je viens d’exprimer ; c’est pour ça que je revendique une portée politique à ce texte, et surtout que je me sens motivé pour continuer à explorer ces questions, seul et avec des gens, et à en partager le plus possible les résultats.

Pourquoi je commence à me sentir bien ?

Pourquoi je commence à me sentir bien ?

Je me reconnais dans une certaine jeunesse.
Nous avons grandi, passé un âge innocent, dans la rage, la colère, la tristesse.
Et l’espoir, comme nécessité !

Être heureux n’est pas notre préoccupation.
Me sentir bien n’a jamais été un objectif.
Ma préoccupation c’est la terre qui souffre. La tristesse de ce monde.
Et tout faire pour que ça change
Le combat, pas le bonheur.
Nous nous sommes donnés corps et âmes à l’idée de lutte. Par nécessité.
En tout cas, nous ne sommes jamais en paix.

Aujourd’hui je me rends compte que me sentir bien avec moi même
avec les autres
là où je suis
est   absoument essentiel à toute possibilité de changement.

Avoir envie d’être bien. Heureux. En paix.

Ca nécessite qu’on bifurque politiquement.
Qu’on se rende compte que c’est en train d’arriver de partout.
Qu’on n’a plus besoin de porter seules, le fardeau.
Ca nécessite de changer nos perspectives à court terme.

En vivant avec la caravane je ne suis plus seul.
Pour une fois je sens que le simple fait de vivre ici, est porteur de changements.
Rien qu’en vivant, je sens que je lutte.
Alors je peux lâcher la préoccupation.
Arrêter de me demander  » comment faire ?  »

Pour une fois je peux me consacrer à vivre

La collectivite inspire, expire

La collectivite inspire, expire

il y a toute cette énergie qui cherche
il y a tous ces petits « nous »
il y a tous ces potentiels transfiguratifs
il y a toute cette collectivité, d’oiseaux de grenouilles en pleine métamorphose
d’oinouilles de greseaux et ça tourne, et ça tourne
il y a toute cette émulsion pour_: ce qui est attendu de nous

de quoi sommes-nous auteur-e-s dans la perte de contrôle?
de quoi sommes-nous critiques aujourd’hui?
pour qui le renversement?
qui est la grenouille qui sera l’oiseau demain?

il y a toutes ces macérations révolutionnaires_:
les nouvelles bases relationnelles
l’écoute mutuelle
les espaces-temps délibératifs qui nous protègent du monde auto-régulé
et qui s’intéressent à ce dont nous avons envie
« envie » non pas là-maintenant-tout-de-suite;
par « envie  » j’entend surtout les efforts somptueux
jusqu’aux inventions
pour s’accorder

il y a toute cette collectivité, ces entr’ouvertures
il y a toute cette parole pour défoncer les machines
à partir de quand très exactement devient possible la collectivité des oiseaux?
il y a toutes ces questions… ce sont plutôt des chevaux et des charettes

j’aperçois le mouvement délicieux de nos prunelles
j’aperçois tout ce qui peut s’apprendre encore
nous sommes le rêve,
qu’est-ce qui vient après le rêve?

Annabelle Aubin-Thuot
19 mai 2014, St. Félix

Vers des assemblées plus fécondes

Notes d’un retour sur une AG, vers mi mai à St. Félix

 

Quelles difficultes en assemblee ?

Il y a des personnes qui s’expriment beaucoup et d’autres pas ou peu. Il y a des dialogues entre deux ou trois personnes

Les différentes langues compliquent la compréhension. C’est beaucoup plus dur (voir impossible) de suivre, de réagir et de s’exprimer quand on est pas francophone à l’origine

Les assemblées sont trop longues car on essaie d’y mettre toutes les thématiques

Il n’y a personne pour nous recentrer quand on divague ou qu’on se répète.

La facilitation peut être épuisante, et l’ambiance générale s’en ressent

Il y a souvent un certain manque d’enthousiasme, une attitude passive générale, une démotivation contagieuse

On a du mal à faire émerger notre créativité collective                             en assemblée

QUELQUES PROPOSITIONS

Essayer de plus assumer le rôle de facilitation. De moins prendre part aux débats et d’avoir un regard plus extérieur. Être plus ferme dans ce rôle, recentrer les débats, résumer les propositions…  Ne pas se perdre dans le flot des discussions.

Avoir un.e gardien.ne des vibrations, qui s’assure qu’on reste dans le sujet du moment, que la conversation concerne tout le monde, qui n’hésite pas à faire un signe quand on se répète, qu’on parle trop longtemps…

Choisir un lieu avec une bonne accoustique, parler fort et articuler

Une intervention = une idée,  sinon on s’y perd et on ne peut plus avancer point par point.

Inviter les gens à se préparer, proposer l’ordre du jour la veille, apporter ses notes personnelles, avoir en tête ce dont on va discuter, des propositions… Apporter un crayon et un papier pour noter ce qu’on a envie de dire.

Essayer de (se) comprendre quand on n’est pas d’accord, de chercher les arguments pour que ce soit constructif et pas paralysant. Essayer de faire des propositions à l’écoute de l’ensemble du groupe, et de faire évoluer les propositions qui sont faites pour qu’elles satisfassent tout le monde

Expérimenter avec les idées de la CNV

Ne pas utiliser seulement le français

Utiliser des tours de bâton sur certains sujets pour laisser l’opportunité de parler à tout le monde.

Prendre deux tours de paroles en parallèle: un avec celleux qui ont déjà parlé  sur ce point et un autre prioritaire pour celleux qui ne se sont pas exprimés

Un mode de décision : LE CONSENTEMENT

    Le consentement propose cinq expressions pour une décision :  
    Je suis d’accord avec cette proposition et je vais m’investir / Je suis d’accord avec cette proposition mais je ne vais pas m’investir / je ne me sens pas concerné/
    Je ne suis pas d’accord mais je ne bloque pas / je ne suis pas d’accord et je bloque : j’explique pourquoi et je cherche une nouvelle proposition.

    Ca permet d’éviter le  » consensus mou  » lorsqu’on croit que tout le monde est d’accord parce que personne ne bloque, mais en fait personne n’est prêt à s’investir.

La clarté

Petites réflexions autour de  » pourquoi c’est pas très clair entre nous « .
On se rend compte qu’on a des origines différentes, des imaginaires différents, des fonctionnements différents… et que c’est pas toujours évident de s’en rendre compte.
Ca nous joue souvent des tours parce que                             finalement on ne se comprend pas.

Quelques idées pour avancer :

Être plus claires sur l’esprit de la caravane pour les gens qui nous rejoignent. Avoir un texte ou une brochure avec non seulement des questions mais aussi des réponses sur nos choix

Trouver des moyens pour parler plus ouvertement entre nous.

Sortir de l’imagination, arrêter les suppositions sur ce que les autres doivent sans doute ressentir. Ne pas agir en se disant  » je le fais parce que les autres doivent penser ceci, ou vouloir cela…  »

Ne pas hésiter à exprimer clairement ses envies, ses doutes et questionnements, et aussi ses réticences.

Poser des questions quand on ne comprend pas le comportement de quelqu’un plutôt que d’imaginer ses raisons

Tâcher d’être clair avec soi-même pour être claire avec les autres
= mise en application des principes de la cnv

Auto-gestion vs. auto-organisation

28 Avril 2014, Lauzerte

On distingue auto-gestion et auto-organisation:

L’AUTO-GESTION consiste à  trouver un fonctionnement pour la logistique et la vie quotidienne qui soit efficace et qui ne prenne pas trop de temps et d’energie.

L’AUTO-ORGANISATION :

–>  Aller plus loin que la logistique de la vie quotidienne

–>  Comment on met en pratique nos objectifs

–>  Prise de recul, organiser des projets, une stratégie,  réfléchir sur  le fonctionnement de la caravane à moyen- long terme

–>  Faciliter la prise d’initiatives, éviter l’inertie

Quelques exemples d’auto-organisation
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• S’organiser en groupes de travail, leur donner une continuité
• Écrire notre histoire: nos réflexions, ce qu’on fait, notre fonctionnement…
• préparer l’accueil des nouvelles arrivants
• envoyer des éclaireureuses faire les repérages pour l’étape suivante…
• s’organiser en petits groupes/ grand groupe : les groupes affinitaires / le collectif dans son ensemble
• les perspectives politiques et les stratégies de la caravane
• communiquer avec l’extérieur, diffuser le principe des caravanes

L’autogestion peut être une base à partir de laquelle on crée l’auto-organisation.
Mais c’est un fonctionnement qui se construit.

__Pour l’instant on est peu nombreuses, quand on sera plus on aura peut être besoin d’un fonctionnement plus clair et plus rigoureux pour s’y retrouver.

Comment commencer à établir un fonctionnement collectif ?

Comment poser des bases d’autogestion et esquisser l’auto-organisation?

Qu’est-ce que vous pensez de tout ça?

AUTOGESTION
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Pourquoi souvent ca rame et ca prend beaucoup d’energie ?

On est un groupe qui change
On a peu d’expérience
On aime pas trop la rigueur
Parfois peu d’attention, on ne s’écoute pas tout le temps
On pointe du doigt mais on ne fait pas
Rythmes différents, attentes différentes
Manque d’informations écrites, du mal à se passer les infos entre nous
Blocages sur l’initiative personelle et la prise de pouvoir_
(on a peur des chef.fes)

Qu est ce qu on pourrait faire pour essayer que ce soit different ?

Approfondir les communications informelles
Essayer d’avoir un peu plus de rigueur
Le consentement pour les prises de décisions ( différent du “consensus mou”)

La critique de ce qu’on essaie
Ecrire les avancées de nos discussions et de nos processus signalétiques, des panneaux qui expliquent comment on fonctionne
Prendre le temps de se concentrer
Créer des espaces pour réduire la tension, résoudre les conflits

Ecrire un premier texte sur nos objectifs en terme d’autogestion et auto-organisation
Utiliser la criée et les repas pour partager les infos

Préparer une discussion sur les rôles cachés et les hiérarchies dans le groupe
Redéfinir le rôle des assemblées

on est là pour experimenter  critiquer creer

PERSPECTIVES ?

On a l’impression que tout ces points sont à réfléchir et à travailler ensemble. Mais on se dit aussi que si on attend de se réunir pour en parler, on n’est pas sorties de l’auberge. Alors, on en déduit que ça serait super cool que chacun.e d’entre nous se prenne du temps pour y réfléchir de son côté, se faire une idée de ses attentes, de ce qu’ille est prête à essayer ou pas… et se construire une vision globale des perspectives de la caravane en terme d’autogestion et d’auto-organisation.

Vivre ensemble ou s’organiser ensemble ?

Dans quelle mesure ?

Pour quelle ampleur ?